Le modèle de négociation autoritaire et insensible de l’Université McGill échoue une fois de plus

MONTRÉAL, 7 juin 2024 – Après avoir refusé pendant plus de six semaines de retourner à la table des négociations avec ses professeurs de droit, la direction de McGill a brusquement mis fin aux négociations d’aujourd’hui : la seule séance à laquelle elle avait consenti pour les mois de mai, juin et juillet. Le syndicat est resté à la table, prêt à poursuivre les négociations jusqu’à ce qu’une entente soit conclue.

« Ce n’est que le dernier exemple en date de la tendance des hauts dirigeants de McGill de se présenter à la table des négociations les oreilles fermées et en créant une façade de négociations », a dit Richard Janda, secrétaire et négociateur en chef de l’Association mcgillienne de professeur.e.s de droit (AMPD). « McGill fait face à un nombre impressionnant de crises en même temps : le financement du gouvernement québécois, les peuples autochtones qui s’inquiètent des tombes situées sur le campus, les manifestations étudiantes, et les syndicats. S’agit-il simplement d’une terrible coïncidence ou y a-t-il un problème tout en haut de l’administration à McGill? », s’est demandé le professeur Janda.

Il y a six semaines, les membres de l’AMPD ont déclenché une grève parce que la direction de McGill refusait de s’engager dans des négociations collectives de bonne foi. « Les enjeux qui séparent McGill et l’AMPD sont peu nombreux et les propositions du syndicat sont répandues parmi les universités québécoises », a dit la vice-présidente de l’AMPD Kirsten Anker. « Le refus de la direction de négocier – seulement 20 jours complets et 2 demi-journées sur plus de 500 jours (alors que la moyenne nationale est de 265 jours seulement) – illustre son point de vue selon lequel elle seule possède les connaissances, la capacité et l’intelligence nécessaires pour décider de la meilleure voie à suivre », a-t-elle poursuivi.

La direction a adopté une attitude similaire dans le cadre de ses négociations avec le gouvernement du Québec concernant les frais de scolarité et les exigences relatives au français. McGill a accusé le gouvernement, et au premier chef la ministre de l’Enseignement supérieur Pascale Déry, d’être « émotif » et a déclaré que le gouvernement se rallierait à la position de McGill si seulement « il faisait l’effort » de le faire. Son arrogance a échoué, entraînant une augmentation du tiers des frais de scolarité des étudiants de premier cycle hors province et l’obligation pour 80 % des étudiants d’atteindre une compétence intermédiaire en français, ce qui, selon la direction, est « impossible sur le plan académique ».

Dans son litige avec les Mères Mohawk (ou Kahnistensera), qui avaient demandé à McGill et aux entrepreneurs de la Société québécoise des infrastructures (SQI) de procéder à des fouilles archéologiques pour préserver les restes d’enfants autochtones disparus dans le cadre de leurs excavations sur le site de l’hôpital Royal Victoria, les dirigeants de McGill ont déclaré qu’il fallait « faire confiance à l’université ». Selon des documents déposés en cour par Kimberly Murray, l’Interlocutrice spéciale pour les enfants disparus et les sépultures anonymes, la conduite de McGill, qui a « déformé et minimisé les informations disponibles » et accusé les mères mohawks de prolonger « l’enquête pour gagner plus d’argent », est empreinte non seulement d’« un manque d’empathie », mais aussi « d’anciens stéréotypes racistes ».

La direction a fait preuve de la même arrogance et du même manque de discernement dans ses relations avec les campements étudiants pro-palestiniens sur le campus de McGill. Lorsque McGill a demandé à la police d’expulser les manifestants après quelques jours à peine, la police a refusé puisque les manifestants étaient pacifiques. Lorsque la police est intervenue hier, elle a limité cette intervention au bâtiment de l’administration et non au campement lui-même. McGill a aussi demandé en vain à un tribunal d’émettre une injonction contre toutes les manifestations sur le campus, sur la base de risques de sécurité inexpliqués. Lorsque le juge a demandé à McGill de fournir des preuves de l’existence d’un enjeu de sécurité, elle a été incapable de le faire. Entre-temps, l’UQAM a négocié un accord avec les organisateurs du campement sur son campus, comme l’ont fait des universités américaines telles que Brown, Northwestern et l’Université du Wisconsin-Milwaukee.

« La haute direction de McGill exige que les communautés qu’elle dessert – qu’il s’agisse du gouvernement du Québec, des peuples autochtones, des manifestants étudiants ou des syndicats – se conforment à ses exigences, sans réelle empathie ni dialogue », a noté le président de l’AMPD, Evan Fox-Decent. « Au lieu de cela, elle leur dit qu’elle seule est bien placée pour décider de la meilleure voie à suivre », a-t-il conclu.

Pour plus de renseignements ou pour organiser une entrevue, veuillez contacter : Kirsten Anker, kirsten.anker@gmail.com, 514-550-5544.

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