McGill force l’AMPD à repartir en grève

MONTRÉAL, le 26 août 2024 – En ce tout premier jour de l’année académique 2024-2025, l’Université McGill force ses professeurs de droit à repartir en grève. Après avoir promis pendant plus de trois mois qu’elle allait tenir d’autres rencontres avec l’Association mcgillienne de professeur.e.s de droit (AMPD), la haute administration de McGill a renié sa parole, refusant de négocier de bonne foi avec son premier syndicat de professeur.e.s.

Les enjeux qui séparent le syndicat et McGill ne sont pas majeurs et pourraient être réglés par quelques jours de négociations sérieuses. Pourtant, McGill refuse de négocier. Elle cherche plutôt à faire révoquer l’accréditation de l’AMPD et se bat contre deux autres syndicats de professeurs, l’Association mcgillienne des professeur.e.s d’éducation et l’Association mcgilloise des professeur.e.s de la Faculté des arts.

McGill adopte une stratégie antisyndicale de plus en plus répandue parmi les dirigeants universitaires. « Les hauts dirigeants de de McGill et d’ailleurs utilisent les mêmes tactiques antisyndicales tout en ignorant les professeur.e.s, les étudiant.e.s et le personnel », a déclaré David Robinson, directeur général de l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université (ACPPU), l’association faîtière des professeurs d’université canadiens. « Alors que McGill affirme qu’elle accorde de l’importance à la liberté académique, à l’intégrité, à la responsabilité, à l’équité et à l’inclusivité, elle brime la liberté de ses professeur.e.s et agit de manière irresponsable à l’égard de ses étudiant.e.s », a poursuivi Robinson.

McGill repousse la conclusion d’une convention collective afin d’invoquer son propre refus de négocier comme motif pour mettre fin au syndicat. Elle a sollicité un arbitrage obligatoire, mais si l’arbitrage peut être utile pour les conflits salariaux, il ne l’est pas pour protéger l’intérêt du corps professoral dans la conception et la mise en œuvre du programme de classe mondiale de la faculté de droit de McGill. « Ce qui nous préoccupe, c’est de savoir si ce sont les professeur.e.s – expert.e.s dans leur domaine – qui devraient décider du contenu du programme universitaire, ou bien les gestionnaires qui sont complètement détachés de l’enseignement », a déclaré Kirsten Anker, professeure de droit à McGill et vice-présidente de l’AMPD.

Les syndicats de professeur.e.s du Québec et du Canada se reconnaissent dans la lutte de l’AMPD pour la protection de la liberté académique, pour l’obtention d’une voix au chapitre dans les priorités de l’université et pour mettre fin à l’exode de professeur.e.s vers des institutions étrangères qui les paient davantage. En conséquence, ces syndicats se sont mobilisés comme jamais, tant sur le plan financier que moral.

« Étant donné le soutien que nous avons reçu, nous avons assez de fonds pour poursuivre la grève pendant toute l’année académique », a déclaré Evan Fox-Decent, professeur à la Faculté de droit de l’Université McGill et président de l’AMPD. « En raison du fardeau qu’une grève prolongée ferait peser sur les étudiant.e.s, nous espérons ne pas avoir à utiliser ces fonds ».

« La leçon que McGill nous a assénée », a noté Richard Janda, professeur de droit à McGill et secrétaire de l’AMPD, « est qu’à moins que nous soyons prêts – contre notre éducation et nos désirs – à mettre l’éducation des étudiants en danger, McGill ne répondra pas. Il est honteux que McGill se montre si peu soucieuse du bien-être et de l’éducation des étudiants, en contradiction directe avec ses affirmations selon lesquelles elle contribue à l’avancement de l’éducation. »

McGill exige des étudiant.e.s qu’ils et elles paient leurs frais de scolarité avant le 30 août. « Plusieurs d’entre nous avons déménagé de très loin, quitté nos emplois, signé des baux, et on nous demande maintenant de payer des frais de scolarité pour un trimestre qui n’aura peut-être pas lieu. Il est choquant que McGill choisisse de ne pas participer aux négociations, alors qu’elle sait combien les étudiant.e.s ont investi, professionnellement et financièrement, pour faire partie de cette institution », a déclaré Kate Pundyk, une nouvelle étudiante en droit de McGill venant d’Angleterre.

Contexte
L’AMPD a été accréditée en tant que syndicat représentant les professeurs de droit de McGill en novembre 2022, et elle négocie depuis ce temps pour établir la première convention collective professorale de l’histoire de l’Université. Les questions en suspens concernent des conditions de travail communes dans le milieu universitaire, y compris : le rôle du corps professoral dans la sélection du doyen et des nouvelles embauches ; le maintien des conditions de travail et des fonctions professorales ; les décisions relatives aux changements de programmes, aux notes des étudiant.e.s et à l’octroi des diplômes ; et de modestes ajustements salariaux pour tenir compte de l’inflation et des conditions salariales dans d’autres facultés de droit canadiennes. En raison du refus de McGill de négocier, l’AMPD s’est mise en grève pendant 8 semaines à la fin du mois d’avril 2024, puis a suspendu la grève après que McGill ait accepté quatre jours de négociation supplémentaires les 19, 21, 29 août et 4 septembre. McGill n’a pas tenu sa promesse, annulant ces séances à la dernière minute au motif que, selon elle, les négociations n’en valaient pas la peine.

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